Monnaies et surfaces agraires anciennes en Alsace



1- Monnaies

 

Les monnaies locales utilisées en Alsace au XVIIe et XVIIIe siècle étaient principalement la livre, le florin, le schilling et le pfennig avec les valeurs suivantes :

 

1 livre (Pfund) = 2 florins = 20 schillings

Un florin = 10 schilling

Un 1schilling = 12 pfennigs

 

Il y avait aussi les monnaies françaises dont le Louis, la livre, le sou ou sol (traduction de schilling) et le denier (traduction de pfenning).

 

Le Louis vallait 3 livres ou 60 sous ; la livre vallait 20 sous et un sous vallait 12 deniers.

D’autre part, la livre strasbourgeoise vallait 4 livres françaises. De même pour les autres subdivisions (sous/schilling et pfennig/denier).

 

Dans ce texte nous utiliserons principalement les unités strasbourgeoises avec les symboles suivants :

 

Livre: lb (dans les manuscrits le symbole utilisé est toujours « lb » barré horizontalement ; lb vient du latin libra càd livre ou Pfund)

Florin : R (symbole utilisé dans les manuscrits ; en fait « fl » en alphabet gothique)

Schilling : β (symbole utilisé dans les manuscrits, du « s » gothique pour solidus)

Pfennig : δ (symbole utilisé dans les manuscrits ; du « d » gothique pour denarius)

 

Pour les unités françaises  nous utiliserons les symboles:

 

Livre : L

Sous : s

Denier : d

 

 Depuis les temps carolingiens, le denier (denarius) était censé être l’unité de base pour toutes les petites transactions effectuées par le peuple. Ainsi jusqu’au XVe siècle, les deniers (ou pfenning) était les seules pièces réellement utilisées, les valeurs supérieures n’étant que des unités de compte. Au XVIe siècle, après plusieurs siècles d’augmentation des prix, l’unité supérieure, le sous, entra aussi en service et puis les florins et la livre. Toutefois jusqu’à la révolution, les gens du peuple traitaient principalement en deniers (pfennig) et sous (schilling) puisque les sommes qu’ils manipulaient restaient pour la plupart inférieures à la livre.

 

 

 

2- Mesures de surface

 

L’unité courante alsacienne était l’acre (Acker) aussi appelé Morgen. Quelque fois il vaut un arpent français, quelquefois deux. Les subdivisions de l’acre sont les suivantes :

 

1 Zweitel = 2/3 Acker                                                      1 Acker = 8/3 Vierzel

1 Viertel/Vierzel = ¼ Acker                                          1 Acker = 4 Vierzel

1 Fricht/Fröcht = 3/2 Acker                                          1 Fröcht = 6 Vierzel

 

 

Equivalences modernes

 

C’est lorsque on s’intéresse aux équivalences modernes des surfaces indiquées sur les terriers que le problème se complique. On s’aperçoit très vite que les surfaces calculées dans l’ancien temps sont inconsistantes et très approximatives comme si les arpenteurs d’antan déterminaient toutes les surface « à la louche ».  Ainsi une parcelle d’un demi-Fröcht (3 vierzel) peut s’avérer en fait plus petite qu’une parcelle d’un demi-Acker (2 vierzel). En principe, l’Acker vaut 20 ares mais dans les faits il y a une grande variation suivant les époques et les lieux où il est utilisé si bien que sans avoir une surface étalon à utiliser il est quasiment impossible d’avoir une bonne idée de l’équivalence.

 

Toutes études butent sur le problème des mesures agraires et de leurs unités. Si l'homme et son travail sont à la base des différents systèmes, la disponibilité d'un "étalon" reste difficile à définir.

 


Hochfelden – Terrier de 1659

 

Sur le terrier de Hochfelden, nous avons choisi une surface facile à reconnaitre sur le cadastre moderne à savoir le quadrilatère délimité par les rue suivantes :

A l’ouest : la rue du général Leclerc

Au nord : La rue des bouchers

A l’Est : Petite rue de l’église

Au sud : la rue du général Lebocq

 

On effectue ensuite une régression entre les surfaces de 1659 et celles du cadastre actuel. On obtient alors une variance minimale pour une équivalence de 125m2 par vierzel ou 5 ares/acker. Ces données sont bien en-deça des valeurs habituellement admises. Il faudrait faire le même travail sur les surfaces cultivables pour déterminer si l’équivalence pour les champs était différente.

 

Etalon de surface



Le généalogiste Marc Matern a fait un travail très complet sur les terriers de Wahlenheim. Nous livrons ici les équivalence qu’il a trouvées.[1]

 


Wahlenheim – Terrier 1723

 

« Dans le terrier de 1723 l'arpenteur rappelle les surfaces du terrier de 1666 et les fait suivre par les surfaces corrigées en unités françaises ("Frantzösischen Maß") qui garde malgré tout une dénomination allemande (Ackher, Vierzel, Ruthen, Schue). »

 

L’équivalence est alors la suivante :

1055,2103 m² pour le "Vierzel"

L'Ackher appelé Ackher de Haguenau vaut alors ~ 42.2084 ares

 


Wahlenheim – finage 1760

 

Unités de Mesures utilisées en 1760 pour le plan de finage levé par Gouget :

 

1 Arpent du Roi (Intendance) = 100 Perches de 22 Pieds aux Carrés

48400 Pieds Carrés = 0,32484²x 48400 = 5107,22 m²

1 Perche = (22 x 0,32484)² = 51,07 m² d'où un Arpent ~ 51,07 ares

 


Wahlenheim – Plan de 1799

 

Unités de Mesures utilisées pour l'état de section de 1799 :

 

1 Acker = 12 Pfemmer ou Pfennert

1 Acker = 20 ares

1 Pfemmer = 166,67 m²

 

 



[1] http://wahlenheim.free.fr/Wahlenheim_idx.htm


Arpenteur

Un arpenteur au XVIIe siecle